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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/58

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— Que cherches-tu, maman ? Veux-tu que je t’aide ?

Elle ne m’a certainement pas entendu. Elle replace ses assiettes, en vérifie le dessous.

— Mais enfin maman, qu’y a-t-il ? Que cherches-tu ?

Elle me regarde surprise comme si je rentrais à l’instant. Me voit-elle seulement ? Ses yeux sont plus grands que d’habitude ; sa bouche danse un peu :

— Je cherche… je cherche… Je ne sais pas ce que… ce que je cherche.

Elle a dit cela comme pour elle-même. Je la retiens par la manche :

— Alors ne cherche plus, maman.

Elle me regarde de nouveau, et cette fois, d’une façon naturelle. Un sourire lui vient :

— C’est vrai, petit. Je suis bête.

Elle s’assied, appuie la tête sur une main et continue de sourire. Une heure après, elle est encore sur sa chaise. Et elle sourit toujours.

Au milieu de la nuit, le cri monta. Un cri ! C’était pointu ! Cela passait à travers mon mur. Cela devait, me semblait-il, percer le plafond, crever le toit, monter, hi ! hi ! loin jusque dans le ciel. Cela ne ressemblait en rien à la voix de maman, Pourtant, je la reconnus. Je reconnus aussi la voix de papa, très basse, murmurant des mots que je ne