Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/99

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— Soit ! Je suppléerai.

Marcel était souvent triste. Ce jour-là, il fut heureux. Il prit le cheval, le caressa et le serrant dans ses bras, le trouva encore plus beau, puisqu’il était maintenant le cheval de Jeannot. Il ne voulut pas que le vendeur le portât. Il le porta lui-même, dicta l’adresse, la vérifia et là encore, il eut de la joie, parce qu’on emballait le jouet parmi des copeaux dans une caisse qui fut, du coup, une écurie confortable pour le cheval de Jeannot.

À la maison, il écrivit une lettre pour annoncer qu’il envoyait une surprise à Jeannot. Il se rendit à la poste. Il était toujours bien content. Il aimait la rue, il aimait le monde, il aimait sa maman, il aimait son papa. Il lui sauta au cou, lui décrivit son achat :

— Et tu sais, c’est une occasion. Je parie que l’on s’est trompé d’étiquette. Pense ! un cheval haut… tiens comme cela.

Et il montra une chaise.

Le soir dans son lit, il ne put s’endormir. En culotte rouge, un pompon blanc à son béret, à cheval sur son cheval, Jeannot passait et repassait dans la chambre au galop. À un moment, le cavalier s’enleva si haut que Marcel, pris de peur, entendit de gros coups sur le mur :