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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/109

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comporte un citadin qui s’est retiré à la campagne. Je l’avais reçu, sans faux col, en homme simple revenu des complications de la ville. Je lui montrais mes poules.

Mon chat près de l’enclos guettait les poussins. Les guettait-il ? Plutôt, il les regardait de loin, avec prudence, comme on se méfie des choses qui vous attirent des coups de baguette, quand on les touche. Je l’avais dressé : nous étions des amis.

N’importe ! Il les guettait. Il suffisait d’un camarade : la ville en me touchant m’avait refait injuste. Devant ce Monsieur, il me fallait, cabotin, montrer que j’avais une arme de paysan, que je savais m’en servir en paysan, et comme un paysan, tirer juste.

J’ai tiré juste — comme une brute.

Ce n’était pas difficile.

De nez sur les pattes, le chat ne regardait même plus mes poussins. Le soleil lui donnait chaud sous les poils. Il dormait comme sur mes genoux. D’accroupi qu’il était, il a versé sur le flanc — sans un bond. Il ne saignait pas. Quelques larmes lui sortaient des yeux — meilleures que les miennes — car je pleurais maintenant.

Le miracle


J’ai l’œil qui pleure, je suis très gros de la joue gauche. J’entre chez les Baerkaelens.

— Tiens ! fait Mélanie, vous avez mal aux dents ?

— Oh ! oui, Mélanie.

— Tiens ! dit Vader, vous avez mal aux dents ?

— Oh ! oui, Vader.

— Tiens ! commence Trees…

— Voui, Trees…

— Monsieur, demande Benooi, voulez-vous que je vous l’arrache.

Quand Benooi a mal aux dents, il va dans le hangar aux