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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/112

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permise aux roues des cyclistes, n’était pas interdite à celles des brouettes.

Une autre fois, ce même Monsieur ayant hébergé un peintre, lequel s’accompâgnait d’un modèle, il s’est fait que le modèle s’appelait Chapelier ; que Chapelier était le nom d’un anarchiste à surveiller par les gendarmes ; que le Monsieur interrogé avait répondu : « Débrouillez-vous » ; mais qu’après de longues recherches, de minutieuses enquêtes, d’autres démarches désagréables à faire pour un brigadier, il avait été établi que ce nommé Chapelier n’avait du Chapelier anarchiste que le nom de Chapelier.

Considérant ces faits et d’autres trop longs à rappeler, quelle joie pour un brigadier qui boit à l’auberge une chope, de voir passer le Monsieur avec son chien, ce chien n’ayant pas de muselière, alors qu’un cas de rage a été signalé dans le pays ! Le temps d’enfourcher sa bécane…

Mais le Monsieur aussi a vu le brigadier, et quand le brigadier arrive : « Cette fois, je vous ai, votre chien n’a pas de muselière, » le chien a sa muselière.

Et je crie très fort : « C’est vous, brigadier, qui êtes en défaut ; vous entrez dans les auberges, vous ne pouvez pas, j’avertirai le procureur du roi. »

Je n’écris d’ailleurs pas au procureur.

Mais voici : peut-être pour une plainte sérieuse, un mois après, le brigadier attrape sa feuille de route et doit partir pour une commune où c’est moins gai d’être gendarme.

Comme j’ai crié très fort, tout le monde a su que j’écrirais au procureur, et le nouveau brigadier, quand il arrive, l’apprend de tout le monde.

Alors, quand il rencontre le Monsieur, le brigadier sourit ; il ne touche pas, il tire son képi et si par hasard, quand ce n’est pas la chasse, le Monsieur porte sous la veste quelque chose de gros, avec des oreilles de lièvre qui dépassent, le brigadier, d’un clin d’œil, ferme l’œil pour le Monsieur.

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