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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/140

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Mélanie. Il a compris tout de suite qu’il avait le temps. Il revient néanmoins tous les jours, le matin ; le docteur aussi, l’après-midi.

— J’ai deux médecins, fait Mélanie qui veut rire.

En apprenant la nouvelle, Pélagie, la mendiante, pour qui Mélanie a toujours été si bonne, veut à son tour se montrer bonne. Elle accourt un matin avec un œuf, le premier que Mieke, sa poulette, vient de pondre.

— Mangez-le, dit Pélagie, cela vous fera du bien.

— Mais, je ne puis pas, dit Mélanie, le docteur le défend.

— Tatata, un œuf frais, un œuf de Mieke, voyons !

Mélanie fait un effort et mange la moitié de l’œuf, battu dans du lait, avec un peu de sucre. Mais à peine avalé, elle le rend comme un vilain œuf pourri.

Depuis que sa sœur est malade, Fons plus fréquemment, tâte sa jambe où sont les rhumatismes.

De son fauteuil à l’auberge, Vader voit passer le docteur, Fons qui est maussade, Benooi qui secoue des fioles. Vader voudrait bien savoir, mais on ne lui dit rien.

C’est la quatrième fois que Vader reçoit la mort dans sa maison. La première fois, ce fut il y a trente ans, pour la brave Trees, sa femme ; puis ce fut pour Marie, sa fille, puis Antoine, un garçon, déjà fort, qui était militaire :

— C’est étonnant, dit Vader, ce que les jeunes sont faciles à mourir.

Quand elle est sur le côté gauche, Mélanie croit qu’elle serait mieux sur le côté droit. Elle s’y met et aussitôt le côté gauche serait meilleur.

— Le docteur, explique Benooi, lui a d’abord fait boire quelque chose de blanc, puis ç’a été jaune, maintenant c’est vert. S’il croit la guérir avec toutes ces couleurs.