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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/168

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Alors Marie s’achète un chapelet, médite plus fréquemment, et, comme lui un saint, aspire à devenir une sainte.

Et lorsque le soir, comme cela se fait, la lampe soufflée, nous allumons deux bougies et prions devant notre Vierge, ce n’est pas Marie la moins sérieuse.

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Le scapulaire


Nous sommes au lit sous la couverture, quand Marie, qui promène les doigts sur ma poitrine, trouve entre la chemise et la peau, quelque chose de mou, comme une petite loque…

— Tiens ! fait-elle, qu’est-ce que tu as là ?

— Moi, Marie, rien.

— Mais si, voyons, il y a même une corde…

— Cela, Marie, c’est un scapulaire…

— Oh ! oh ! Tu portes un scapulaire à présent.

— Oui, Marie. C’est frère Joachim qui me l’a donné. J’en portais d’ailleurs quand j’étais enfant. J’ai eu tort de perdre l’habitude. Cela préserve des malheurs.

— De tous ?

— Des vrais, Marie. Tu vois, il y a dessus une petite Vierge. Sur l’autre morceau, il y a saint Bernard, avec une prière, là, dans mon dos.

— Je veux, dit Marie, lire la prière que tu as dans le dos.

— Lis… Mais il ne faut pas pour cela que tu me chatouilles.

Marie prend son temps, parce que sous une couverture il ne fait pas très clair. Elle en sort, un peu rouge, mais sérieuse :

— Écoute, dit-elle, tu es sot. Tu as un chapelet, tu portes un scapulaire, tu vas à la messe, tu veux tout faire comme un Trappiste…

— Moi ! par exemple…