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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/170

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Ma confession


Cela ne commence peut-être pas très bien.

J’ai examiné ma conscience loyalement, comme je fais toutes choses, mais en gros, pour ne pas allonger. Au fond, sans être un saint, je me croyais un brave homme et voilà qu’à la lumière d’ici, je me découvre tout ce qu’il faut pour m’appeler une crapule. Tant mieux : il y a dans le ciel plus de joie pour un pécheur qui se convertit que pour dix saints qui persévèrent. Je le sais. Et peut-être, étant ce pécheur converti, le sais-je un peu trop.

Je me repens d’ailleurs. À l’avenir, c’est entendu, je mènerai une vie meilleure. Mais comment ?

Dans le confessionnal, je regarde avec tendresse le bon père Isidore qui aura le bonheur de sauver mon âme.

Très vite pour en venir tout de suite aux gros péchés :

— Mon père, je vais vous faire une confession générale. Ma dernière date depuis longtemps et, même, je ne sais si elle était bonne.

Mais le père :

— Pardon, mon enfant, si cette confession n’était pas bonne, elle était sacrilège, il faut le dire… Et les précédentes ?

— Les précédentes ? Je ne sais pas, mon père. Supposons-les mauvaises, et les autres aussi, toutes, cela n’a pas d’importance.

— Si, mon enfant. Il n’est pas possible que de votre vie vous n’ayez fait une seule bonne confession : il faut savoir laquelle.

— Mais, mon père, puisque celle-ci que je veux bonne, les effacera toutes.

— Non. Il ne faut pas plus s’accuser de fautes qu’on n’a pas commises, qu’omettre celles dont on est coupable. Tâchez de vous souvenir.

— Heu !… Heu !…

Il me faut réfléchir longtemps et le père, qui m’aide, se donner beaucoup de peine, avant que nous tombions d’accord sur ce point : qu’à part trois ou quatre, plus ou moins, toutes mes confessions ont été exécrables.