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Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/89

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Agonies


Quand ce n’est pas de vieillesse, les poules meurent, la tête en bas, les pattes en l’air, dans un poing qui tient ferme.

Certaines font des manières et retiennent leur sang. Il faut, avec la pointe des ciseaux, qu’on leur rouvre le bec et cherche le tampon qu’elles y cachent.

D’autres connaissent leur devoir et, d’elles-mêmes, éternuent dans mes arbrisseaux de jolies petites groseilles bien rouges.

Dès la première coupure, cette sournoise fait la morte : ce ne sera qu’au moment de partir pour du bon, qu’elle se vengera, avec l’aigu de ses ongles, sur la main qui la tient.

Celle-ci pâmée, d’une seule aile s’évente doucement… doucement… doucement… puis l’éventail retombe.

D’autres à mourir sont longues… longues… beaucoup plus longues que ne le serait un homme.

On croirait que celle-ci vit encore : la crête est rouge, l’œil regarde. Sans une secousse, voilà longtemps qu’elle est morte.

Celle-ci, comme une suppliante, joint à deux mains les ailes et meurt les bras en croix.

Ce petit coq, gavroche dès son enfance, trouve des contorsions si amusantes qu’il faudrait être vraiment sans cœur pour ne pas rire.

Fière de son éducation, cette vieille, avant de partir, fait son grand salut à tout le monde.

Cette mystique pousse… pousse… comme pour lancer à Dieu