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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/14

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— et qui n’avait qu’une antenne et cinq pattes.

Je me disais : « Tout de même, ce coin de mousse où tu te reposes, ce nuage là-haut, cette cloche là-bas qui rêve à Dieu… Laisse les autres, tu es dans le vrai. »

Ouais ! Un jour je quittai cela. Adieu, fourmi ; bonne chance, les poules ; plus de sabots. Un veston, un faux col, la ville, et dans la ville ce que l’on trouve quand on n’est pas riche : « une boîte à mouches ».

À 9 heures, j’arrivais :

— Bonjour, Monsieur le Receveur ; bonjour, Monsieur Poncin.

Quand « cette chipie » était là :

— Bonjour, Madame le Receveur.

Je m’installais, j’ouvrais un registre ; je regardais mes chiffres d’hier, j’y ajoutais mes chiffres d’aujourd’hui.

Cela durait jusque midi.

— Merci, Madame le Receveur.

Madame, pour le déjeuner, fournissait la boisson. Moi, le manger. Trois tartines et une pomme. Les tartines comme fond, la pomme comme dessert. Je pouvais permuter : la pomme comme fond, les tartines comme dessert.

Cela durait une demi-heure, plus un quart d’heure pour le pipi. Puis :

— Bonjour, Monsieur le Receveur ; bonjour Monsieur Poncin ; bonjour, Madame le Receveur…