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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/168

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— À vous, papa ?

— Un veilleur doit surveiller les lampes, Monsieur. Comme je suis quand même debout, je complète mon tour à travers les autres locaux. J’en fais un toutes les heures : il y a un petit truc aux portes pour le contrôle.

— Votre tour fini, vous vous couchez ?

— Neuf heures, c’est un peu tôt. En hiver, je redescends à la chaufferie : le coke, ça coûte moins cher, mais ça prend plus mal. En été, M. Alphonse m’a demandé que je rentre ses pots de fleurs. Après cela, on m’amène le dernier courrier pour la poste. En passant, je réclame vos journaux d’Angleterre.

— Bon ! Ensuite vous gagnez votre lit ?

— Il n’y est plus, Monsieur. Il part avec les ballots que l’on tire pour la première édition de province. Ça fait de gros colis. Je donne un coup de main. Je colle les étiquettes. C’est ma charge : un veilleur doit surveiller la colle. Elle mitonne, sur un peu de gaz, à la clicherie. Quand elle est trop épaisse, on m’en fait la remarque. Ou bien, quand elle est trop liquide. Entre temps, je grimpe jusqu’à la direction, parce que, des fois, M. Siburd ou M. Dufour sont revenus une minute. Ces Messieurs aussi sont pressés. Je dois penser à leur lampe.

— Après cela, vous êtes tranquille ?

— J’ai une chaise. Je dors, sans dormir. À l’atelier, on change les équipes : les uns viennent, les autres partent. Les clicheurs vont boire un verre. Ce n’est rien avec les gens que l’on voit tous les jours : la moitié d’un œil suffit. Mais ceux qu’on ne connaît pas. Que