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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/237

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devant les téléphones, Villiers m’aidera au X… 23-75. Il arrive, mené par sa femme, qui, très jalouse, trouve étrange que, pour des élections, on ait besoin, toute la nuit, de son homme.

— Mais si, Madame, je vous assure.

— Jusqu’à quatre heures ?

— Et peut-être au delà.

Villiers a le sourire.

Jusqu’à neuf heures, nous travaillons dans le calme. Le téléphone lance un chiffre, puis se tait ; Jean Lhair s’amène avec « comme qui dirait une petite information » ; par-ci par-là, une dépêche. Puis cela se tend : le téléphone, coup sur coup, des télégrammes en pluie, des chiffres à n’en pas sortir. Je tâche d’y mettre de l’ordre : paquets pour les résultats-ville, paquets pour la province, paquets pour… C’est un peu compliqué, car voici les patrons. Un autre jour, ils s’enfermeraient dans leur bureau. Aujourd’hui, mes paquets sont plus que de l’information. Ils veulent savoir, prennent dans le tas, embrouillent, supputent. Comme toujours, ces premiers chiffres sont la balançoire : un parti l’emporte, un peu plus tard, c’est l’autre.

À dix heures, coup de feu : les résultats de vingt côtés à la fois, les téléphones sans arrêt, des bousculades. Il y a une querelle avec Jean Lhair : « Je t’assure, c’est une grosse information », une autre avec Ranquet qui pleure après un petit coin pour ses « Dernières Nouvelles Sportives ».

C’est le moment qu’a choisi M. Durant. Pauvre homme ! L’an dernier pensait-il aux