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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/42

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Ces deux appareils ? Des téléphones. Pour les profanes, le petit est un téléphone privé. Rébarbative, pour nous, c’est une bouche que les patrons allongent jusqu’ici avec des ordres. Le grand est plus sympathique, le cornet en oreille sur les rumeurs du monde. Il arrive que, l’esprit tendu sur notre copie, nous devions planter tout là pour nous entendre demander :

— Allô ! Nous sommes au café. Nous tenons un pari. Voulez-vous nous dire en quelle année, quel mois, un certain M. Pascal a inventé la brouette ?

Dame ! un journal bien informé.

5o Le strapamouf.

Les rédacteurs ont à remettre au plus tôt leur copie au secrétaire, qui doit la passer, sans retard, aux linotypes. C’est important. Comme contrôle, on marque l’heure : le rédacteur, dans un coin, au crayon ; le secrétaire, officiellement avec un cachet-montre, dit le strapamouf. Dans quel bazar a-t-on déniché ce monument ? Haute poignée de bois, armature de cuivre, conscient — croirait-on — de son importance, il domine la table, comme un clocher son paysage. Le pot à colle est un vague édicule, à côté. Il opère avec fracas. « Stra » son ressort qui s’écrase ; « Pa » le cachet qui tamponne ; « Mouf » le ressort détendu qui se remet en place. Il dit son nom. Ou plutôt, il le dirait ; car, instrument si utile, il ne parle jamais.

Les autres rédacteurs ont, en plus petit, des pièces dans le même genre. Même table, mêmes ciseaux, même casier, et pour la biblio-