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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/72

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— Cher Monsieur Sinet, notre journal est terne. Nous devrions, de temps en temps, donner une petite illustration : un portrait… un paysage… Vous trouverez, n’est-ce pas ?

Le mois suivant, M. Siburd passa en coup de vent :

— Illustrer, c’est très bien. Mais il faut des clichés tous les jours : deux pour le moins.

La semaine suivante, ce fut un petit mot : « Prière à Monsieur Sinet de donner tous les jours au moins trois photos ». Et quelques jours après, une lettre : « Cher Monsieur Sinet, nous sommes en voyage ; veillez à donner tous les jours quatre à cinq photos pour le moins… »

Depuis ce temps, M. Sinet sent une épine, dans sa joie d’être secrétaire.

On a beau, comme journaliste, chipoter les événements, on ne les domine pas, et certains ne prêtent pas à l’illustration.

Encore, s’il était libre ! Mais les patrons s’en mêlent.

— Et ces gens sont des bougres à vouloir la photo d’un navire quand je ne puis leur offrir que la trogne d’un cabot.

À peine arrivé, M. Sinet mobilise les photographes, fouille dans les revues, attrape ce qu’il peut, puis, sa camelote étalée, attend les acheteurs !

— Voici une montagne, Monsieur Dufour.

— Peuh ! il y a un lac en dessous : il ferait mieux notre affaire.

— Voici une belle photo…

— Floue, Monsieur Sinet…

— Mais non ! c’est du fondu ; regardez ces…

Il faut, à M. Sinet, des boniments avec des mots dans le genre de sa « défécation post-mé-