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Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/502

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compense de ses travaux dans l’amitié de Henri IV, l’auteur de ces merveilles, le fondateur de la puissance maritime, commerciale et industrielle de la France, le restaurateur, du crédit public, celui que la postérité devait reconnaître pour un grand homme, ne fut pas apprécié par le roi qu’il avait servi avec toute l’activité de son génie; et ses restes furent insultés par le peuple, objet constant de sa sollicitude jusque dans les derniers moments de sa vie. Un arrêt du conseil rendu peu de mois après la mort de Colbert[1], mais dont lui-même avait préparé les dispositions, réduisit les remises des receveurs genéraux à neuf deniers pour livre, dont quatre devaient être alloués aux receveurs des tailles, « afin de donner lieu à ceux-ci de faire leur recouvrement avec moins de frais. » L’esprit d’observation qui présidait aux mesures adoptées par Colbert lui avait enseigné que les poursuites en matière d'impôts, et les frais qui en résultent, sont la source des abus les plus onéreux pour les contribuables.

La dernière année de ce ministère avait encore été marquée par un autre règlement dont les dispositions prouvaient que, nonobstant les lois portées sous les règnes précédents, et même sous celui de Louis XIV, les épices, les droits et les vacations étaient devenus pour les plaideurs une charge énorme, que l’arbitraire et les vexations aggravaient encore. Ces taxes composaient en presque-totalité le traitement des magistrats et des

  1. Arrêt du conseil du 18 septembre 1683, rendu sur la proposition de Colbert.