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Page:Bainville - Bismarck.djvu/105

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conflit, il se montre très préoccupé (11 mars 1881). Quand les socialistes s’agitent, quand les anarchistes effrayent la population, il craint toujours que la République n’en souffre, et il accuse la Compagnie de Jésus de soulever le spectre rouge au profit de la réaction. En août 1881, il est très inquiet de l’élection de Gambetta et montre de la mauvaise humeur à l’égard des intransigeants de Belleville. Un seul gouvernement serait capable de plaire à Hohenlohe autant que le républicain : c’est le bonapartiste. Bismarck lui a encore redit à Berlin, le 25 mai 1879 : « Cela m’amuserait beaucoup que le prince Napoléon prît le pouvoir. Si j’étais Français, je n’en voudrais à aucun prix[1]. Mais, en tant que voisin, il me conviendrait tout à fait. » Peu de temps après, Gambetta ayant affirmé à Hohenlohe que la cause des bonapartistes était irrémédiablement perdue, Hohenlohe ajoute : « C’est une opinion que je ne partage pas. » Le point de vue allemand était donc resté invariable depuis 1870 : Empire, République, font également les affaires de la Prusse. Quant à la troisième solution, la solution monarchique, elle continue d’exciter la même défiance. En juillet 1883, lorsque se répand le bruit que le comte de Chambord est gravement malade, Blowitz, ce singulier journaliste qui durant trente ans se mêla avec une scandaleuse effronterie des affaires de France, vient prendre sur l’événement l’avis de

  1. On verra, à l’appendice I de ce livre, que Bismarck savait aisément se placer au point de vue français.