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Page:Bainville - Bismarck.djvu/123

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tait tout élément d’agitation et de trouble. Le socialisme baissant, la puissante organisation de l’Internationale trouvant un point d’appui et des moyens de propagande dans une France démocratique, c’était, pour l’Empire à peine constitué, un danger dont l’éventualité valait d’être prise en considération. Le fait est que Bismarck réfléchit plusieurs mois avant d’adopter une attitude, dont il ne devait plus varier par la suite, au sujet de la question constitutionnelle en France.

D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’au lendemain de la guerre nous étions les débiteurs de l’Allemagne. Les cinq milliards n’étaient pas payés. Bismarck ne tenait pas à voir gaspiller et compromettre son gage. Il était, dans une certaine mesure, intéressé à une bonne gestion du patrimoine français. Si l’on joint à cette circonstance que les radicaux, les amis de Gambetta, gardaient encore leur réputation de parti de la guerre à outrance, et même jouaient de l’idée de revanche, — cette « guitare », — et ne reculaient pas devant une surenchère de patriotisme pour gagner les masses électorales, on comprendra la sage méfiance que garda longtemps Bismarck à l’endroit de nos républicains avancés.

Le système auquel, avec une simplicité élégante et une éloquente sagesse, il donna finalement sa préférence, le système qui mettait d’accord ses intérêts, ses désirs et ses craintes, c’était, par une rencontre merveilleuse, le système qui florissait alors en France : celui de la République conservatrice. Bismarck cachait mal à M. de Gontaut-Biron