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Page:Bainville - Bismarck.djvu/177

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taire, qui ne laisse pas de surprendre d’ailleurs, et de faire plaisir, partant d’un écrivain bonapartiste :

Dans ce cas, Louis-Napoléon aurait préludé au rôle que devaient lui faire jouer en Europe Cavour et Bismarck ; la théorie des nationalités unissait les trois hommes, mais Cavour et Bismarck ne la comprenaient que pour leur propre pays, et avec d’autant plus de force et de netteté.

Chacun s’étonnera qu’on puisse être encore bonapartiste quand on voit aussi clairement, quand on dit aussi bien que l’Empire, au détriment de la France, n’a profité qu’à l’étranger. Ce devait être la destinée du troisième Napoléon de « servir d’instrument à des roueries diplomatiques ». Singulière prophétie : après Boulogne, le prisonnier de Ham avait écrit au charbon sur les murs de sa chambre : « La cause napoléonienne est la cause des intérêts du peuple ; elle est européenne ; tôt pu tard elle triomphera. » Elle a triomphé, en effet, pour l’avantage de quelques peuples européens.

La fin du livre de M. Lebey montre, comment le réveil des souvenirs napoléoniens, — entretenus par les livres de Thiers, par les poèmes de Victor Hugo, par les chansons de Béranger, par les lithographies de Raffet et de Charlet, par l’initiative même du gouvernement de Louis-Philippe, soucieux d’opérer la réconciliation nationale et ramenant aux Invalides les cendres du héros, — favorisa la propagande des idées de Louis Bonaparte. Un homme avait été clairvoyant. Chose extraordinaire