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Page:Bainville - Bismarck.djvu/208

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se dérober » et que Victor-Emmanuel, de son côté, en réclamant « le temps nécessaire » pour mettre ses troupes sur le pied de guerre, s’était assuré d’avance une échappatoire. Nous verrons tout-à-l’heure, en effet, que la question romaine, importante pour l’Italie, ne fut pour l’Autriche qu’un prétexte. Il est avéré que l’Autriche n’agit ni franchement ni loyalement dans toute cette affaire et il semble que M. de Beust, cet ancien ennemi de Bismarck, y ait préparé les voies au rapprochement des Habsbourg et des Hohenzollern et à la politique d’Andrassy. Mais à qui la faute ? Tous les documents, toutes les confessions le disent : c’est la défection de la France en 1866, c’est la neutralité de Napoléon III pendant la guerre allemande, neutralité inspirée par le principe du droit des peuples au même titre que l’intervention de 1859, qui acheva de nous aliéner ce qui nous restait de sympathies actives en Europe. Les Mémoires de M. de Beust ne sont assurément pas un monument de vérité. La fourbe à chaque instant s’y découvre. Le ministre de François-Joseph y semble avoir voulu préparer l’évolution de la politique autrichienne. Il se pose comme l’homme de transition qui, de Nikolsbourg, a conduit son pays à la Triplice. M. de Beust, dans ses Mémoires, se défend avec insistance d’avoir jamais été un ennemi de l’Allemagne ni un partisan de la France. Il se plaît à s’y peindre en victime de Bismarck et en ami sincère de la Prusse. La Triade, la guerre de 1866, les essais de revanche de Sadowa, les appels à l’intervention française, tout cela est