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Page:Bainville - Bismarck.djvu/21

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bismarck

ce clairvoyant pédagogue, un bon visage joyeux et ouvert, des yeux limpides et brillants, quelque chose de jeune et de gai. Je me dis tout de suite : Voilà un gentil gamin. Je m’occuperai particulièrement de lui. » Et c’est ce professeur obscur qui donna à Bismarck le goût de l’étude, comprit, enrichit et développa ses dons.

À dix-sept ans, « c’était un grand garçon de taille élancée, le front haut sous la chevelure abondante, le regard droit et ferme ». Il était d’une franchise de caractère poussée jusqu’à la violence. Mauvaise disposition pour un futur diplomate. C’est pourtant à la diplomatie que sa mère le vouait par une surprenante intuition. Il n’entra d’ailleurs que beaucoup plus tard dans la carrière, après avoir essayé de bien des choses, achevé son éducation d’homme et fait son instruction de politique.

L’attitude de Bismarck dans la vie fut à peu près celle d’un autre Allemand célèbre vis-à-vis des idées : il ne méprisa presque rien. Ce n’était pas un dégoûté. Il se sentait assez robuste, assez bien équilibré, assez bien trempé, pour ne redouter aucun contact, aucune habitude. Entré à l’Université, il accepta, sans faire le délicat, les mœurs des étudiants. Il se fit remarquer par ses excentricités, ses duels et ses exploits bachiques. Il ne dédaigna point de se faire arrêter pour tapage nocturne. Il eut de nombreux démêlés avec le juge universitaire de Gœttingue. Il fit même de la prison. Bien plus, il donna dans le libéralisme, s’affirma quelque temps républicain. Inutile de dire que cette disposition d’esprit ne dura pas et