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Page:Bainville - Bismarck.djvu/279

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Auprès de lui, tous les autres idiomes ne sont que jargons. Aucun ne peut rivaliser avec lui, aucun ne possède ces « qualités contagieuses », parce que le français est l’expression de quelque chose de supérieur que Schwab nomme la « politesse française » et qu’il définit ainsi :

Cette politesse tient le milieu entre la timidité et la licence effrénée ; elle arrête les explosions des passions insociables ; dans sa bouche, les vérités désagréables qu’on ne saurait taire perdent ce qu’elles ont d’amer ; elle loue avec grâce et délicatesse ; elle représente les bienfaits rendus à un ami comme un soulagement donné à son propre cœur ; elle rapproche tous les états de la société et rétablit en quelque manière parmi les hommes l’égalité primitive. En un mot, c’est la plus belle fleur de l’humanité et elle suppose toujours une certaine bonté d’âme.

Et notre apologiste wurtembergeois concluait fortement son mémoire en prophétisant des destinées contraires à notre langue et à la sienne : « l’allemand ne peut être et ne deviendra jamais l’instrument universel de communication entre les Européens », tandis que, « non seulement nous ne devons pas être jaloux de l’empire de la langue française, mais nous devons réunir nos vœux et nos efforts pour qu’elle devienne universelle ». À quoi le Bâlois Mérian ajoutait ces considérations :

Les Académies ne sont d’aucun pays particulier, mais de tous les pays, comme les sciences qu’elles cultivent et la vérité qu’elles professent. Elles doivent donc parler un langage intelligible à toutes les nations : et l’allemand n’est point ce langage. Leibnitz n’osa en faire celui de la Société