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Page:Bainville - Bismarck.djvu/42

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naissait assez les institutions pour savoir que cette démocratie césarienne, ce compromis entre le régime dictatorial et le régime d’opinion devait causer au malheureux pays qui le subirait toutes sortes de calamités. — « Reconnaissez l’Empire, suggérait « Bismarck au gouvernement de Berlin : c’est un régime qui, dans un avenir prochain, rendra service à la Prusse. »

Un voyage à Paris fortifia Bismarck dans ses vues. C’était au temps de la guerre de Crimée. L’Empire avait commis sa première faute et vérifiait le pronostic de Bismarck. Le voilà présenté à Napoléon III. Il a un long entretien avec l’empereur ; il peut juger sa pauvre intelligence, connaître ses conceptions chimériques. Dans ses Pensées et souvenirs, Bismarck a rapporté cette conversation d’un ton où l’ironie et la commisération sont nettement perceptibles. Il rapporte que Napoléon « se montra bien plus indulgent que l’Angleterre et l’Autriche pour les péchés dont la Prusse s’était rendue coupable envers la politique des puissances occidentales ». L’empereur lui fit des avances en vue d’un rapprochement de la France et de la Prusse. « Il me dit que deux États voisins, placés par leur culture et leurs institutions à la tête de la civilisation, devaient s’appuyer l’un sur l’autre. » Bismarck emporta de Napoléon III l’impression que c’était un homme très doux, très bienveillant, fort éloigné des procédés « violents, presque brutaux » que l’Angleterre et l’Autriche employaient alors pour faire pression sur la Prusse. En somme,