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Page:Bainville - Bismarck.djvu/50

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pas perdues pour lui. Il trouva par la suite plus d’une occasion de mettre à profit ce qu’il y avait appris.

Roon et Manteuffel continuaient de plaider sa cause auprès de Guillaume, devenu roi par la mort de son frère. L’habileté de Bismarck fut de ne pas se montrer avide du pouvoir dès que la faveur lui fut revenue. En mai 1862, il était nommé ambassadeur à Paris ; mais, dans l’esprit de tous, cette mission devait être brève et annonçait son ministère.

Il reprit à Paris ses entretiens avec Napoléon III. Il reçut une fois de plus les propositions nettes et embarrassantes d’une alliance de la France et de la Prusse. Il démêla surtout que l’Empire avait trois politiques, l’une officielle, celle du Sénat et du Corps législatif, celle du plein jour et de la presse. Une seconde, personnelle à Napoléon III, faite d’intrigues cosmopolites, d’idéalisme humanitaire, et suggérée par les carbonari. La troisième de ces politiques, c’était enfin celle de l’impératrice, une politique « catholique, conservatrice, papiste, même autrichienne », écrivait Bismarck à son ministre. Il comprenait qu’entre ces trois directions il serait facile à la Prusse de trouver son chemin. Cependant, en Prusse même, la situation devenait difficile. Le Parlement, incapable de comprendre que le sort du pays allait se jouer et que sa grandeur allait se décider, accumulait les obstacles devant les ouvriers du grand œuvre. Roon désespérait de pouvoir mener à bien la réorganisation militaire. Il fallait Bismarck, et pas un autre que Bismarck, pour