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Page:Bainville - Bismarck.djvu/90

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Du moins avait-il réussi à établir un contact avec le représentant de la « République conservatrice ». Il put en témoigner à son premier voyage à Berlin.

Une surprise y attendait Hohenlohe. Il trouva l’empereur en désaccord avec Bismarck. Déjà, à son audience de congé, Guillaume Ier lui avait indiqué qu’il pensait bien, comme son chancelier, que la République en France était une chose favorable à l’Allemagne. Mais il avait ajouté qu’il n’estimait « ni possible ni convenable » que son ambassadeur se fît, même chez l’ennemi, le complice de la Révolution. Ces dispositions paraissaient avoir gagné en force chez l’empereur, car Hohenlohe l’entendit se plaindre autant des idées avancées de Bismarck, « qui voulait le conduire on ne sait où », que de son mauvais caractère, des menaces de rupture et des offres de démission qu’il opposait à toute réserve ou à toute désapprobation de son maître. L’empereur craignait que Bismarck ne voulût encore la guerre, à quoi il était résolument opposé. Il priait même Hohenlohe de lui servir de porte-parole, comme s’il eut craint de faire lui-même des reproches à son terrible ministre. Celui-ci, d’ailleurs, en restait toujours à son point de vue. Il me réitéra, écrit Hohehlohe, « que nous avions le plus grand intérêt à maintenir en France le statu quo : la République, même la plus rouge, nous est favorable. La Monarchie rendrait la France capable de conclure des alliances et est dangereuse pour nous. »

Ainsi le contraste entre la politique de Bismarck