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Page:Bainville - Bismarck.djvu/96

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des milieux politiques allemands. Guillaume Ier, qui trouvait déjà révolutionnaire le titre d’empereur allemand que Bismarck ne lui avait pas fait accepter sans peine à Versailles, Guillaume Ier, qui, au moment de la nomination du prince de Hohenlohe à Paris, ne partageait qu’avec une certaine modération, nous l’avons vu, les idées de Bismarck sur l’utilité d’une République en France, avait fini par trouver dangereux cet appui prêté par son gouvernement aux démocrates français. Nous ne saurons jamais si l’empereur s’arrêta à cette opinion par faiblesse, par timidité et par incompréhension de la politique hardiment utilitaire de Bismarck, ou si plutôt, à cette politique-là, il ne préférait celle de Metternich qui ne sacrifiait pas à un intérêt particulier et immédiat les intérêts supérieurs de la civilisation, de l’ordre et du progrès universels.

Enfin, Guillaume Ier céda devant ce ministre autoritaire qui imposait au souverain la loi du bien public. Le système de Bismarck l’emporta et ses conséquences se déroulèrent telles qu’il les avait prévues. Le prince de Hohenlohe continua d’entretenir avec Thiers, le plus convenable des républicains, des relations étrangement cordiales. Au point que, le duc Decazes lui en fit un jour la remarque : « On dit que vous ne sortez pas de chez M. Thiers », et à cette observation de notre ministre des Affaires étrangères, le prince de Hohenlohe ne rapporte pas qu’il ait rien trouvé à répondre. Thiers allait en effet, au témoignage de ces Mémoires, converser très souvent avec l’am-