Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/116

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lorsqu’il se révolte, il balaie tout : constitution et gouvernement, Petits et Grands-Conseils. Tout le mouvement progressif de la Suisse, jusqu’en 1848, a procédé par une série de révolutions cantonales. Ces révolutions, la possibilité toujours présente de ces soulèvements populaires, la crainte salutaire qu’ils inspirent, telle est encore aujourd’hui l’unique forme de contrôle qui existe réellement en Suisse, l’unique borne qui arrête le débordement des passions ambitieuses et intéressées de nos gouvernants.

Ce fut aussi la grande arme dont s’est servi le parti radical pour renverser nos constitutions et nos gouvernements aristocratiques. Mais après s’en être servi avec tant de bonheur, il la brisa, pour qu’un parti nouveau ne pût s’en servir contre lui à son tour. Comment la brisa-t-il ? En détruisant l’autonomie des cantons, en subordonnant les gouvernements cantonaux au pouvoir fédéral. Désormais, les révolutions cantonales — ce moyen unique dont disposaient les populations cantonales pour exercer un contrôle réel et sérieux sur leurs gouvernements, et pour tenir en échec les tendances despotiques inhérentes à chaque gouvernement, ces soulèvements salutaires de l’indignation populaire — sont devenues impossibles. Elles se brisent impuissantes contre l’intervention fédérale.

Supposons que la population d’un canton, à bout de patience, se soulève contre son gouvernement, qu’arrive-t-il ? D’après la constitution de 1848, le Conseil fédéral a |28 non seulement le droit, il a le