Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des idées libérales, et s’était affilié à l’une des associations des « décabristes » ; mais après l’avènement de Nicolas Ier, découragé, et devenu sceptique, il ne songea plus qu’à cultiver ses terres et élever ses enfants. Michel était l’aîné ; il eut cinq frères et cinq sœurs. Vers l’âge de quinze ans, le jeune Michel entra à l’École d’artillerie à Pétersbourg ; il y passa trois ans, puis fut envoyé comme enseigne dans un régiment cantonné dans le gouvernement de Minsk.

C’était au lendemain de l’écrasement de l’insurrection polonaise : le spectacle de la Pologne terrorisée agit puissamment sur le cœur du jeune officier, et contribua à lui inspirer l’horreur du despotisme. Au bout de deux ans, renonçant à la carrière militaire, il donna sa démission (1834), et se rendit à Moscou. C’est dans cette ville qu’il passa les six années qui suivirent, à l’exception de quelques séjours, durant l’été, dans la demeure paternelle. À Moscou, il se livra à l’étude de la philosophie : après avoir commencé par la lecture des encyclopédistes français, il s’enthousiasma, ainsi que ses amis Nicolas Stankévitch et Bélinsky, pour Fichte, dont il traduisit (1836) les Vorlesungen über die Bestimmung des Gelehrten. Ce fut ensuite le tour de Hegel, qui dominait alors sur les esprits en Allemagne : le jeune Bakounine devint un adepte convaincu du système hégélien, et se laissa un moment