Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/167

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il résulte que pour tuer définitivement l’influence des prêtres dans les campagnes, la révolution n’a à faire qu’une seule chose : c’est de mettre en contradiction les intérêts des paysans avec ceux de l’Église.

J’ai entendu avec peine, non seulement des jacobins révolutionnaires, mais des socialistes qui ont subi indirectement l’influence de cette école, avancer cette idée complètement anti-révolutionnaire qu’il faudra que la future république abolisse par décret tous les cultes publics et ordonne également par décret l’expulsion violente de tous les prêtres. D’abord, je suis l’ennemi absolu de la révolution par décrets qui est une conséquence et une application de l’idée de l’État révolutionnaire, c’est-à-dire de la réaction se cachant derrière les apparences de la révolution. Au système des décrets révolutionnaires, j’oppose celui des faits révolutionnaires, le seul efficace, conséquent et vrai, en dehors de l’intervention d’une violence officielle et autoritaire quelconque.

Ainsi, dans cet exemple, si par malheur on voulait ordonner par décrets l’abolition des cultes et l’expulsion des prêtres, vous pouvez être sûrs que les paysans les moins religieux prendront parti pour le culte et pour les prêtres, ne fût-ce que par esprit de contradiction, et parce qu’un sentiment légitime, naturel, base de la liberté, se révolte en tout homme contre toute mesure imposée, eût-elle même la liberté pour but. On peut donc être certain, que si les villes commettaient la sottise de décréter l’abolition des cultes et l’expulsion des prêtres, les campagnes,