Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aujourd’hui, en présence d’un danger si terrible ? Vous savez que, depuis quelque temps, des journaux réactionnaires, la Liberté par exemple, ont demandé à hauts cris l’abolition de la loi qui interdit le commerce libre des munitions et des armes, en faisant un monopole que le gouvernement ne concède qu’à quelques privilégiés, des hommes sûrs. Ces journaux ont dit, avec raison, que cette loi qui avait été dictée par la défiance et qui n’avait qu’un seul but, celui de désarmer le peuple, avait eu pour conséquence : l’infériorité des armes, l’absence des armes, et l’inhabitude extrême du peuple français à manier les armes. Un député de la gauche, Ferry, ayant |24 proposé un projet de loi abolissant cette restriction si funeste de la liberté commerciale, la commission du Corps législatif, nommée comme toutes les commissions par la majorité Bonapartiste, recommanda à la Chambre de rejeter la proposition de Jules Ferry. Voilà donc l’esprit qui les anime encore aujourd’hui. N’est-il pas évident qu’ils ont la trahison dans le cœur ?


Je résume cette partie de ma lettre. De tout ce que je viens de dire et de prouver, il résulte évidemment :

Primo, que les moyens réguliers, les armées régulières ne peuvent plus sauver la France ;

Secundo, qu’elle ne peut plus être sauvée que par un soulèvement national.

Dans ma troisième lettre, je prouverai que l’initiative et l’organisation du soulèvement populaire ne peut plus appartenir à Paris, qu’elle n’est plus possible que dans les provinces.