Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment révolutionnaires, ceux qui passèrent dans le camp du socialisme révolutionnaire, sous l’influence de la grande catastrophe qui avait tué d’un seul coup tous les comédiens révolutionnaires de Paris — devinrent des hommes sérieux et firent des efforts sérieux pour révolutionner la France. Ils réussirent même en grande partie. Mais c’était trop tard, la réaction de son côté s’était réorganisée en une puissance formidable, et grâce aux terribles moyens que donne la centralisation de l’État, elle finit par triompher tout à fait, plus même qu’elle ne l’avait voulu, dans les |21 journées de Décembre.

Eh bien, les commissaires extraordinaires que Gambetta ne manquera pas sans doute d’envoyer dans les départements, s’il parvient à vaincre, avec l’aide de Trochu et de Thiers, la réaction bonapartiste à Paris, seront encore plus malheureux que les commissaires de 1848.

[1] Ennemis des ouvriers socialistes, aussi bien que de l’administration et des paysans bonapartistes, sur qui diable s’appuieront-ils ? Leurs instructions leur commanderont d’enchaîner dans les villes le mouvement révolutionnaire socialiste et dans les campagnes le mouvement réactionnaire bonapartiste ; avec l’aide de qui ? D’une administration désorganisée et mal reformée, à demi sinon pour les trois quarts restée bonapartiste elle-même et de quelques centaines de pâles républicains et d’orléanistes de la localité ? — de républicains aussi pâles, aussi insignifiants, aussi incertains et désorientés qu’eux-mêmes, restant en dehors de toute masse

  1. Avec cet alinéa, l’écriture de l’auteur change : assez lâche dans les feuillets précédents, elle devient plus régulière et plus serrée. Il doit y avoir eu un jour d’intervalle entre les deux écritures : l’alinéa a donc été commencé, sans doute, le 29 août (la page 27 du manuscrit portant, comme on le verra, la date du 30.) — J. G.