Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/365

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particuliers et nécessairement opposés, ces intérêts et ces buts qui dans les temps ordinaires les divisent, se laissent également absorber dans la poursuite du but commun. Autrement qu’arrivera-t-il ? Le parti sincère deviendra nécessairement la victime et la dupe de celui qui le sera moins ou qui ne le sera pas du tout, et il se verra sacrifié non au triomphe de la cause commune, mais au détriment de cette cause et au profit exclusif du parti qui aura hypocritement exploité cette union.

|6 Pour que l’union soit réelle et possible, ne faut-il pas au moins que le but au nom duquel les partis doivent s’unir soit le même ? En est-il ainsi aujourd’hui ? Peut-on dire que la bourgeoisie et le prolétariat veulent absolument la même chose ? Pas du tout.

Les ouvriers de France veulent le salut de la France à tout prix : dût-on même, pour la sauver, faire de la France un désert, faire sauter toutes les maisons, détruire et incendier toutes les villes, ruiner tout ce qui est si cher au cœur des bourgeois : propriétés, capitaux, industrie et commerce ; convertir en un mot le pays tout entier en un immense tombeau pour enterrer les Prussiens. Ils veulent la guerre à outrance, la guerre barbare au couteau s’il le faut. N’ayant aucun bien matériel à sacrifier, ils donnent leur vie. Beaucoup d’entre eux, et précisément la plus grande partie de ceux qui sont membres de l’Association internationale des Travailleurs, ont la pleine conscience de la haute mission qui