Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/434

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bourgeois, vrais disciples de Robespierre, c’est leur amour de l’autorité de l’État quand même et la haine de la Révolution. Cette haine et cet amour, ils l’ont en commun avec les monarchistes de toutes les couleurs, voire même avec les bonapartistes, et c’est cette identité de sentiments, cette connivence instinctive et secrète, qui les rendent précisément si indulgents et si singulièrement généreux pour les serviteurs les plus criminels de Napoléon III. Ils reconnaissent que parmi les hommes d’État de l’empire, il en est de bien criminels, |64 et que tous ont fait à la France un mal énorme et à peine réparable. Mais après tout, c’étaient des hommes d’État ; les commissaires de police, ces mouchards patentés et décorés, qui dénoncèrent constamment aux persécutions impériales tout ce qui restait d’honnête en France, les sergents de ville eux-mêmes, ces assommeurs privilégiés du public, n’étaient-ils pas après tout des serviteurs de l’État ? Et entre hommes d’État on se doit des égards, car les républicains officiels et bourgeois sont des hommes d’État avant tout, et ils en voudraient beaucoup à celui qui se permettrait d’en douter. Lisez tous leurs discours, ceux de M. Gambetta surtout. Vous y trouverez dans chaque mot cette préoccupation constante de l’État, cette prétention ridicule et naïve de se poser en homme d’État.

Il ne faut jamais le perdre de vue, car cela explique tout ; |55 et leur indulgence pour les brigands de l’empire, et leurs sévérités contre les républicains révo-