Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/483

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bourg et le pourvoyeur complaisant et fidèle de ses bourreaux. Le comte de Bismarck, le chancelier et le fondateur du futur Empire knouto-germanique, ne s’était-il pas fait un devoir et un plaisir de livrer aux Mouravief et aux Bergh toutes les têtes polonaises qui tombaient sous sa main ? et ces mêmes lieutenants prussiens qui étalent maintenant leur humanité et leur libéralisme pangermanique en France, n’ont-ils pas organisé, en 1863, en 1864 et en 1865, |88 dans la Prusse polonaise et dans le grand-duché de Posen, comme de véritables gendarmes, dont ils ont d’ailleurs toute la nature et les goûts, une chasse en règle contre les malheureux insurgés polonais qui fuyaient les Cosaques, |101 pour les livrer enchaînés au gouvernement russe ? Lorsqu’en 1863 la France, l’Angleterre et l’Autriche avaient envoyé leurs protestations en faveur de la Pologne au prince Gortchakof, seule la Prusse ne voulut point protester. Il lui était impossible de protester pour cette simple raison que, depuis 1860, tous les efforts de sa diplomatie tendirent à dissuader l’empereur Alexandre II de faire la moindre concession aux Polonais[1].

On voit que sous tous ces rapports, les patriotes

  1. Lorsque l’ambassadeur de la Grande-Bretagne à Berlin, lord Bloomfield, si je ne me trompe de nom, proposa à M. de Bismarck de signer au nom de la Prusse la fameuse protestation des cours de l’Occident, M. de Bismarck s’y refusa, en disant à l’ambassadeur anglais : « Comment voulez-vous que nous protestions, quand depuis trois ans nous ne faisons que répéter à la Russie une seule chose, c’est de ne faire aucune concession à la Pologne ? » (Note de Bakounine.)