Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/498

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Pierre de Bruys et l’on persécute Abeilard ; et ce qui est plus, l’hérésie vraiment populaire et révolutionnaire des Albigeois se soulève contre la domination du pape, des prêtres et des seigneurs féodaux. Persécutés, ils se répandent dans les Flandres, en Bohême, jusqu’en Bulgarie, mais pas en Allemagne. En Angleterre, le roi Henri Ier Beauclerc est forcé de signer une charte, base de toutes les libertés ultérieures. Au milieu de ce mouvement, seule la fidèle Allemagne reste immobile et intacte. Pas une pensée, pas un acte qui dénote le réveil d’une volonté indépendante ou d’une aspiration quelconque dans le peuple. Seulement deux faits importants. D’abord, la création de deux ordres chevaleresques nouveaux, celui des |114 croisés Teutoniques et celui des Porte-glaives livoniens, chargés tous les deux de préparer la grandeur et la puissance du futur Empire knouto-germanique, par la propagande armée du catholicisme et du germanisme dans le Nord et dans le Nord-Est de l’Europe. On connaît la méthode uniforme et constante dont firent usage ces aimables propagateurs de l’Evangile du Christ, pour convertir et pour germaniser les populations slaves barbares et païennes. C’est d’ailleurs la même méthode que leurs dignes successeurs emploient aujourd’hui pour moraliser, pour civiliser, pour germaniser la France : ces trois verbes différents ayant dans la bouche et dans la pensée des patriotes allemands le même sens. C’est le massacre en détail et en masse, l’incendie, le pillage, le viol,