Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/502

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routes, ou bien pour saccager les villes elles-mêmes quand ils se sentaient en force, mais non pour comprendre l’utilité d’une alliance avec elles.

Les villes allemandes, pour se défendre contre la brutale oppression, contre les vexations et contre le pillage régulier ou non régulier des empereurs, des princes souverains et |117 des nobles, ne pouvaient donc réellement compter que sur |102 leurs propres forces et que sur leur alliance entre elles. Mais pour que cette alliance, cette même Hanse qui ne fut jamais rien qu’une alliance presque exclusivement commerciale, pût leur offrir une protection suffisante, il aurait fallu qu’elle prît un caractère et une importance décidément politique : qu’elle intervînt comme partie reconnue et respectée dans la constitution même et dans toutes les affaires tant intérieures qu’extérieures de l’Empire.

Les circonstances d’ailleurs étaient entièrement favorables. La puissance de toutes les autorités de l’Empire avait été considérablement affaiblie par la lutte des Gibelins et des Guelfes ; et puisque les villes allemandes s’étaient senties assez fortes pour former une ligue de défense mutuelle contre tous les pillards couronnés ou non couronnés qui les menaçaient de toutes parts, rien ne les empêchait de donner à cette ligue un caractère politique beaucoup plus positif, celui d’une formidable puissance collective réclamant et imposant le respect. Elles pouvaient faire davantage : profitant de l’union plus ou moins fictive que le mystique Saint-Empire avait établie