Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/520

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celui qui |132 forma en quelque sorte le trait d’union entre l’ébranlement purement philosophique de la Renaissance, la transformation purement religieuse de la foi par la Réforme protestante, et le soulèvement révolutionnaire des masses, provoqué par les premières manifestations de cette dernière ; l’autre, représenté principalement par Luther et Mélanchthon, les deux pères du nouveau développement religieux et théologique en Allemagne. Le premier de ces mouvements, profondément humanitaire, tendant, par les travaux philosophiques et littéraires d’Érasme, de Reuchlin et d’autres, à l’émancipation complète de l’esprit et à la destruction des sottes croyances du christianisme, et tendant en même temps, par l’action plus pratique et plus héroïque d’Ulrich von Hutten, d’Œcolampade et de Zwingli, à l’émancipation des masses populaires du joug nobiliaire et princier ; tandis que le mouvement de la Réforme, fanatiquement religieux, théologique et, comme tel, plein de respect divin et de mépris humain, superstitieux au point de voir le diable et de lui jeter des encriers à la tête, comme cela est arrivé, dit-on, à Luther, dans le château de la Wartbourg, où l’on montre encore, sur le mur, une tache d’encre, devait nécessairement devenir l’ennemi irréconciliable et de la liberté de l’esprit et de la liberté des peuples.

Il y eut toutefois, comme je l’ai dit, un moment où ces deux mouvements si contraires durent réellement se confondre, le premier étant révolutionnaire par principe, le second forcé de l’être par position.