Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/78

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signalés comme tels par leur puissant ami de Saint-Pétersbourg. La police de Genève a fait dernièrement une visite domiciliaire chez M. Louis Bulewski, émigré, l’un des chefs de la démocratie polonaise, ami de Mazzini, et sans conteste l’un des hommes les plus honorables et les plus honorés de l’émigration, sous le prétexte de chercher chez lui des billets russes falsifiés. Mais ce qu’elle cherche surtout avec un acharnement persistant, et toujours pour complaire au grand maître de Saint-Pétersbourg, c’est un certain Netchaïef, à ce qu’il paraît le chef de tous ces « brigands » en Pologne et en Russie.

« Ce M. Netchaïef — être réel ou non — nous apparaît comme une sorte de mythe monstrueux. Voilà un mois à peu près que tous les journaux de l’Europe en sont pleins. À en croire les feuilles de Saint-Pétersbourg et de Moscou, il était le chef de la conspiration formidable que l’on vient de découvrir en Russie, et qui, paraît-il, ne laisse pas d’intéresser et d’inquiéter beaucoup le gouvernement du tsar. On l’avait dit mort, — pas le tsar, mais ce M. Netchaïef, — maintenant le voilà ressuscité. Il doit l’être puisqu’on le cherche, à moins que le gouvernement russe ne poursuive une autre personne sous le nom fantastique de Netchaïef. Mais supposons Netchaïef vivant en chair et en os, c’est un conspirateur, donc ce n’est ni un brigand ni un voleur ; son crime — s’il est criminel — est celui d’un homme politique. Pourquoi donc le faire rechercher à titre d’assassin et de voleur ? — Mais il a assassiné, dit-on. — Qui le dit ? — Le gouvernement russe. — Mais ne faut-il pas être bien naïf vraiment pour ajouter foi à ce que dit le gouvernement russe, ou bien pervers pour se donner l’air d’y ajouter foi ?

« Mais, de cette manière, le gouvernement russe