Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/98

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jourd’hui le monde aristocratique, deviendra partout impossible.

Le gouvernement impérial a si peu douté des excellents sentiments qui animent notre gouvernement républicain, que, pour accélérer son action administrative, il lui a franchement avoué, nous le savons de source certaine, que dans cette affaire la prétendue violation du secret des lettres était la moindre des choses, un prétexte, et qu’il s’agissait d’un intérêt bien autrement important : de l’honneur même de la famille du sénateur impérial Tourangin.

Aussi avons-nous vu avec quelle énergie le Conseil fédéral, et ces mêmes gendarmes vaudois qui avaient déjà excité l’admiration d’un prince russe, se sont mis au service des illustres vengeances de M. Tourangin. Ce ne fut pas la faute des autorités toujours si exécutives du canton de Vaud, si le jeune couple, sans doute averti, est allé se réfugier dans le canton de Fribourg, et ce n’est pas la faute du Conseil fédéral, si le gouvernement cantonal de Fribourg, plus jaloux de la dignité et de l’indépendance suisse que lui-même, n’a pas encore livré les coupables à la vindicte impériale et sénatoriale.

Ce que nous admirons surtout, c’est le rôle joué par certains journaux suisses dans cette honteuse affaire. Nos soi-disant journaux libéraux, qui se sont donné pour mission de défendre la liberté contre les empiétements de la démocratie, ne se croient pas obligés de la défendre contre les violences du despo-