Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/116

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culement abstrait, privé de sang et de vie, mort-né, pareil à l’homunculus créé par Wagner, le disciple pédant de l’immortel docteur Faust. Il en résulte que la science a pour mission unique d’éclairer la vie, non de la gouverner.

Le gouvernement de la science et des hommes de la science, s’appelassent-ils même des positivistes, des disciples d’Auguste Comte, ou même des disciples de l’École doctrinaire du communisme allemand, ne peut être qu’impuissant, ridicule, inhumain, cruel, oppressif, exploiteur, malfaisant. On peut dire des hommes de la science, comme tels, ce que j’ai dit des théologiens et des métaphysiciens : ils n’ont ni sens, ni cœur pour les êtres individuels et vivants. On ne peut pas même leur en faire un reproche, car c’est la conséquence naturelle de leur métier. En tant qu’hommes de science, ils n’ont affaire, ils ne peuvent prendre intérêt qu’aux généralités ; qu’aux lois[1]…..

  1. L’Imprimerie coopérative, à Genève, avait reçu du manuscritde Bakounine, en différents envois, les 210 premiers feuillets. Ces feuillets furent entièrement composés ; de la partie qui n’entra pas dans la première livraison de l’Empire knouto-germanique (feuillets 138[fin]-210), il existe une épreuve comprenant 44 paquets, épreuve conservée dans les papiers de Bakounine. Cette épreuve s’interrompt aux mots « qu’aux lois », mots qui sont les derniers du feuillet 210, mais qui ne sont pas les derniers d’une ligne dans l’épreuve, et qui, au contraire, laissent la ligne inachevée, — preuve certaine que l’imprimerie n’avait pas le feuillet 211 et n’avait pu continuer la composition au delà du feuillet 210.
    Les trois feuillets 211-2 13 ne se sont pas retrouvés lorsque les manuscrits encore inédits de Bakounine furent placés dans une caisse pour m’être expédiés, en 1877 : la caisse contenait les feuillets 138 (fin)-210, puis les feuillets 214-340 ; mais les feuillets 211, 212, 213 manquaient. Quelle est la raison qui en a amené la perte ? 11 m’a été impossible de la deviner.
    Les éditeurs de la brochure Dieu et l’État ont essayé de combler cette lacune ; ils ont raccordé la dernière ligne du feuillet 210 à la première ligne du feuillet 214 au moyen de 23 lignes d’un texte qui n’est pas de Bakounine, et qui a dû être rédige par Élisée Reclus. Je ne reproduis pas ce texte inventé, préférant laisser au lecteur le soin de suppléer, par sa propre réflexion, à ce qui manque ici dans le manuscrit. — J. G.