Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/177

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mais ayant tout de même une existence séparée de la sienne. De là la lutte historiquement nécessaire entre deux institutions également divines, entre l’Église et l’État ; l’Église ne voulant reconnaître aucun droit à |263 à l’État qu’autant que ce dernier s’inclinait devant la suprématie de l’Église, et l’État proclamant, au contraire, qu’institué par Dieu même, aussi bien que l’Église, il ne devait relever que de Dieu.

|264 Dans cette lutte des États contre l’Église, la concentration de la puissance de l’État, représentée par la royauté, s’appuyait principalement sur les masses populaires plus ou moins asservies par les seigneurs féodaux, sur les serfs des campagnes en partie, mais surtout sur le peuple des villes, sur la bourgeoisie naissante et sur les corporations ouvrières ; tandis que l’Église trouvait des alliés très intéressés dans les seigneurs féodaux, ennemis naturels de la puissance centralisatrice de la royauté et partisans de la dissolution de l’unité nationale, de la dissolution de l’État. De cette triple lutte, religieuse, politique et sociale à la fois, naquit le protestantisme.

Le triomphe du protestantisme eut non seulement pour conséquence la séparation de l’Église et de l’État, mais encore, dans beaucoup de pays, même catholiques, l’absorption réelle de l’Église dans l’État, et par conséquent la formation des États monarchiques absolus, la naissance du despotisme moderne. Tel fut le caractère que prirent, à