Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/185

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existence, source de toute vérité, et inspirateur invisible des bonnes pensées ; mais, tout en l’adorant en esprit, il ne veut plus permettre que des représentants infidèles et fanatiques de son autorité immuable oppriment et maltraitent le monde en son nom. Il ouvre, par la philosophie officiellement enseignée dans toutes les écoles de l’État, à tous les individus intelligents et de bonne volonté, le moyen d’élever leur esprit et leur cœur jusqu’à la compréhension des vérités éternelles, sans avoir besoin désormais de recourir à l’intervention des prêtres. Les professeurs patentés de l’État prennent la place des prêtres, et l’Université devient en quelque sorte l’Église du public éclairé. Mais le système professe en même temps un respect éclairé pour toutes les Églises traditionnellement établies, les reconnaissant comme utiles et même indispensables, à cause de l’ignorance des masses populaires. Respectant la liberté des consciences, le système protège également tous les cultes anciens, à condition toutefois que leurs principes, leur morale et leur pratique ne soient pas en contradiction avec les principes, la morale et la pratique de l’État.

Le système reconnaît, comme base et comme condition absolue de la liberté, de la dignité et de la moralité humaines, la doctrine du libre-arbitre, c’est-à-dire de l’absolue spontanéité des déterminations de la volonté individuelle, et de la responsabilité de chacun pour ses actes ; d’où découle, pour la société, le droit et le devoir de punir.