Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/193

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qu’elle ne représente en aucune manière ; n’ayant, par conséquent, aucune puissance, ni matérielle, ni morale, qui lui soit propre, n’existe jamais que par le bon plaisir du pouvoir exécutif, et seulement comme une succursale de ce dernier. C’est un instrument très utile pour paralyser, pour annuler souvent la puissance de la Chambre proprement populaire, la soi-disant représentation de la liberté nationale ; pour faire du despotisme avec des formes constitutionnelles, comme nous l’avons vu faire en Prusse et comme nous le verrons faire encore longtemps en Allemagne. Mais elle ne peut rendre ce service au pouvoir qu’autant que ce dernier est fort par lui-même ; elle n’ajoute rien à sa force, n’étant elle-même forte que par le pouvoir, comme la bureaucratie. Aussi, toutes les fois qu’éclate une révolution, elle s’évanouit comme une ombre.)

Il en est de même dans cette autre question, si importante, du suffrage restreint ou du suffrage universel. Logiquement, on pourrait revendiquer pour tous les citoyens majeurs le droit d’élection, et il n’est point de doute que plus l’instruction et le bien-être se répandront dans les masses (ce qui, heureusement pour les exploiteurs, ne pourra jamais arriver, tant que durera le gouvernement des classes privilégiées, ou, en général, tant qu’existeront les États), et plus ce droit devra s’étendre aussi. Mais dans les questions pratiques, et surtout dans celles qui ont pour objet le bon gouvernement et la prospérité d’un pays, les considérations du droit formel