Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/286

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toujours, l’une, la vérité, et l’autre, le bien. L’histoire nous montre l’exemple de beaucoup de penseurs très puissants qui ont radoté. De ce nombre ont été et sont encore aujourd’hui tous les |138 théologiens, métaphysiciens, juristes, économistes, spiritualistes et idéalistes de toutes sortes, passés et présents. Toutes les fois qu’un penseur, si puissant qu’il soit, raisonnera sur des bases fausses, il arrivera nécessairement à des conclusions fausses, et ces conclusions seront d’autant plus monstrueuses qu’il aura mis plus de puissance |139 à les développer.

Qu’est-ce que la vérité ? C’est la juste appréciation des choses et des faits, de leur développement ou de la logique naturelle qui se manifeste en eux. C’est la conformité aussi sévère que possible du mouvement de la pensée avec celui du monde réel qui est l’unique objet de la pensée. Donc, toutes les fois que l’homme raisonnera sur les choses et sur les faits sans se soucier de leurs rapports réels et des conditions réelles de leur développement et de leur existence ; ou bien lorsqu’il bâtira ses spéculations théoriques sur des choses qui n’ont jamais existé, sur des faits qui n’ont jamais pu se passer et qui n’ont qu’une existence tout imaginaire, toute fictive, dans l’ignorance et dans la stupidité historique des générations passées, il battra nécessairement la campagne, quelque puissant penseur qu’il soit.

Il en est de même de la volonté. L’expérience nous démontre que la puissance de la volonté est bien loin d’être toujours la puissance du bien : les