Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la moindre partie des corps simples qui constituent la matière ou l’ensemble matériel de notre planète ; il est probable aussi que beaucoup d’éléments que nous considérons comme des corps simples se décomposent en de nouveaux éléments qui nous sont encore inconnus. Enfin nous ignorerons toujours une infinité d’autres éléments simples qui, probablement, constituent l’ensemble matériel de cette infinité de mondes, pour nous éternellement inconnus |212 et qui remplissent l’immensité de l’espace. Voilà la limite naturelle devant laquelle s’arrêtent les investigations de la science humaine. Ce n’est pas une limite métaphysique, ni théologique, mais réelle et, comme je dis, tout à fait naturelle et qui n’a rien de révoltant ni d’absurde pour notre esprit. Nous ne pouvons connaître que ce qui tombe au moins sous l’un de nos sens, que ce dont nous pouvons expérimenter matériellement, constater l’existence réelle. Donnez-nous seulement la moindre petite chose tombée de ces mondes invisibles et, à force de patience et de science, nous vous reconstruirons ces mondes, au moins en partie, comme Cuvier, à l’aide de quelques ossements épars d’animaux antédiluviens, retrouvés sous la terre, a reconstruit leur organisme entier ; comme à l’aide des hiéroglyphes trouvés sur les monuments égyptiens et assyriens, on a reconstruit des langues qu’on avait crues à jamais perdues ; comme j’ai vu à Boston et à Stockholm deux individus, nés aveugles, sourds et muets, et ne possédant d’autre sens que le toucher,