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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/112

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avant, au moins en même temps que celle-ci qui n’est pas achevée, mais dont la fin tu recevras d’ici peu, puisque j’ai enfin trouvé le moyen de te faire parvenir ma correspondance.

Ces trois lettres ont pour sujet Mouravieff-Amourski qui, depuis quelque temps, est devenu l’objet des violentes et très injustes attaques, que tu lui prodigues dans ton aveuglement peu compréhensible. Car ces attaques sont dépourvues de tout fondement ; je te le répète de nouveau, que parmi tous les détenteurs du pouvoir en Russie, Mouravieff est le seul homme que nous pouvons et que nous avons même le devoir de considérer comme l’un des nôtres, dans le sens le plus étendu du mot. Il est des nôtres par ses sentiments, par ses idées et ses actes, par ses aspirations, enfin, par la virilité de ses intentions. Comment se fait-il donc alors, mon cher Herzen, que tu le méconnaisses ? C’est vraiment déplorable. Si tu savais comme il aime la Cloche et combien il lui est pénible d’y trouver la moindre erreur qui puisse devenir compromettante pour elle ; quelle sympathie il a pour toi, comme il t’estime et quelle amertume lui causent tes accusations non justifiées. Tes fausses attaques contre lui retentissent juste au moment, où de tous côtés s’éveillent la jalousie et les intrigues lâches dirigées par notre Philippe-Égalité, le grand-duc Constantin Nicolaevitch. « On méconnaît toujours les siens », dit le grand-duc en parlant de toi.

Sous peu, Mouravieff quittera ses fonctions et en même temps la Sibérie, se dirigera vers l’étranger. Il compte bien avoir une entrevue avec toi. Et, en faisant sa connaissance, tu pourras juger par toi-même que c’est un homme intègre qui a de l’intelligence, du sentiment, du cœur et de l’énergie. Il est tout à fait dévoué