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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/132

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due. C’est là ma première impression ; mais il se peut que je change d’avis en voyant les choses de plus près. Seulement, je n’aurai pas assez de temps pour les examiner à fond. Je ne resterai que cinq jours à San-Francisco, et après avoir gagné New-York, je me dirigerai vers Boston, et de là j’irai à Cambridge chez mon ancien ami, le professeur Agassiz, pour lui demander quelques lettres de recommandation, après quoi j’irai passer encore quelques jours à Washington. De cette manière, j’aurai la possibilité de m’initier quelque peu à cette question.

Pendant mon voyage ici, j’ai pu organiser une bonne affaire qui, certainement, vous fera plaisir. Sachant avec quelle avidité sont lues en Sibérie la Cloche et l’Étoile polaire, et combien il est difficile de se procurer de ces publications, je me suis arrangé pour la vente de vos éditions avec trois commerçants étrangers, un Allemand à Shanghaï, un Américain au Japon, et encore avec un autre Américain à Nicolaevsk, qui est situé à l’embouchure de l’Amour. Ils nous prendront à condition tout ce que nous leur enverrons de Londres, et de cette manière nos feuilles seront vendues aux officiers de la marine russe et aux commerçants de Kiakhta qui, chaque année, sont plus nombreux dans les parages de l’Amour et de l’Océan Pacifique. Nous pourrons donc placer ainsi de 100 à 300 exemplaires du journal, quantité minime au point de vue commercial, mais très considérable au point de vue politique.

Mais, je dois finir ma lettre, car il n’est que trop temps d’aller me coucher. Mes amis, je vous dis : au revoir ! Faites savoir à Reichel que me voilà ressuscité et que mon amitié pour lui est toujours invariable.


Votre M. Bakounine.