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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/222

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lettre de recommandation ; mais toi, Herzen, tu pourrais arranger cette entrevue dans ta maison, ce qui vaudrait mieux. Peut-être voudras-tu aussi lui faire voir Edgard Quinet, ce réfractaire fanatisé du socialisme. Enfin, je confie entièrement notre amie à vos soins. Elle va aussi relever le commerce de Tkhorjevski, car elle se propose, à ce qu’il paraît, d’acheter toute la collection de vos éditions.

Mais, revenons à nos intérêts communs. Vous me reprochez mon inactivité, et cela juste au moment où, au contraire, je suis plus actif que jamais. J’entends par là ces trois dernières années, pendant lesquelles mon unique préoccupation était d’organiser une Société secrète internationale socialiste et révolutionnaire. Bien que j’aie la certitude que vous ne pourriez en faire partie, vu la ligne de conduite que vous avez adoptée pour votre propagande, et votre tempérament même, néanmoins, ayant pleine confiance en votre fermeté et votre loyauté, je vous envoie notre programme qui est le développement des principes et de l’organisation de la Société ; je le mets sous une enveloppe fermée que la princesse vous remettra avec cette lettre. En laissant de côté les imperfections de ce travail au point de vue littéraire, de la forme, j’appelle votre attention sur le fond même de la chose. Certes, vous y trouverez beaucoup de détails inutiles, mais songez que j’écrivis ce programme me trouvant dans un milieu italien où, hélas, les idées sociales sont encore peu connues. Aussi, fus-je obligé de lutter énormément, surtout contre les idées et les passions dites nationales, contre cette détestable théorie du patriotisme bourgeois qu’excitent Mazzini et Garibaldi, Mais, après un travail pénible de trois années consécuti-