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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/269

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Varsovie comme l’a fait son frère pour organiser la Pologne[1]. Le tact politique lui eût fait comprendre que, sous la protection de l’impérialisme de Pétersbourg, dans les conditions nécessaires à l’existence de l’État de toutes les Russies, il ne peut y avoir place pour une organisation démocratique ; que, dans les circonstances, cette organisation est impossible ; que toute tentative dans cette direction devrait infailliblement se transformer en une mesure gouvernementale, partant, antipopulaire, — son noble instinct lui eût dicté, que pour tout honnête Russe, il n’y a pas de place à Varsovie.

I. S. Aksakoff n’avait pas ce sentiment ; il ne le comprit pas. Entraîné par son patriotisme étroit et sauvage, ce patriotisme d’État, si pernicieux pour la Russie, il oublia tout sentiment humain et, de sa propre volonté, se rendit criminel contre l’humanité elle-même, contre la liberté, le bonheur et la dignité de la Russie, qui ne peuvent exister en dehors de l’humanité. Il apporta toute sa force morale et intellectuelle à l’appui du crime que le gouvernement venait de perpétrer en Pologne, et qu’il ne se lasse pas de commettre chaque jour. De plus, il n’a pas cessé de calomnier encore la Russie, en prétendant persuader à tout le monde que ce crime gouvernemental était indispensable au salut de celle-ci.

Et, malgré tout cela, je suis prêt à répéter avec vous, que M. Aksakoff est un honnête homme, mais

  1. Quand donc I. S. Aksakoff y était-il allé ? (Rédact. de la Cloche.)
    Sont allés en Pologne du parti slavophile, le prince Tcherkasski et Youri Samarine, d’accord avec Ivan Aksakoff. (Drag.)