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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/284

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le mouvement révolutionnaire en Russie comme en Espagne, en Suède comme en Italie, en France et en Allemagne, comme en Pologne, trouveront partout son esprit inspirateur. Et ce n’est pas en vain que les réactionnaires bien avisés l’appelaient « le vieux de la Montagne » dont l’influence se faisait sentir en même temps à Cordoue et à Bactres.

Puisque nous n’avons pas encore la possibilité de faire l’historique même de l’activité de ce personnage, il est de notre devoir de préparer les matériaux pour son historien futur et, en attendant, de les faire connaître au public, dans la mesure de nos forces.

C’est dans ce but que nous allons publier quelques lettres qui ne sauront compromettre personne (elles pourront plutôt recommander certaines personnalités à la bienveillance des autorités), mais qui démontreront combien se trompait A. I. Herzen, en pensant n’avoir affaire qu’à sa « grande Lise »[1].

Cependant il est nécessaire de rappeler au lecteur la situation des affaires en 1867, époque à laquelle se rapportent ces lettres. Trois ans auparavant, Herzen, étonné du succès de Katkoff dans son rôle d’Ivan Susanine[2], se décida à devenir aussi un patriote dé-

  1. Appellation sous laquelle Herzen désignait Bakounine. (Trad.).
  2. Un paysan russe auquel l’histoire attribue d’avoir servi de guide aux Polonais qui, en 1613, envahirent la Russie et voulurent marcher sur Kostroma où se trouvait le tzar Michel, élu par le peuple russe. Dans le but de les dérouter, Susanine les avait conduits dans une épaisse forêt et leur déclara qu’il ne savait comment en sortir. Les Polonais s’étant aperçus de sa trahison le massacrèrent. Le célèbre compositeur russe, Glinka, a rendu son nom immortel dans son opéra « La vie pour le tzar » ; mais les historiens récents prêtent à cette épisode un caractère légendaire (Trad.).