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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/63

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« Que veut-il donc ce petit Juif propret ? » souffla la fumée de sa cigarette — et ne se corrigea pas.

« … Le revirement qui amena les Prussiens à atteler à leur voiture « les chevaux de derrière », me conduisit d’abord à Leipzig, où je rencontrai encore une fois Bakounine, et nous engloba tous les deux, quoique d’une manière différente, dans l’insurrection de Dresde, à propos de la constitution. Il noua d’intimes relations avec la jeunesse de Prague et m’initia à ses plans. Mes divergences avec lui étaient complètes à ce sujet, et je lui déclarai que le temps des complots était passé, qu’on pouvait encore moins espérer d’atteindre par une action secrète ce qu’on ne pouvait réaliser au moyen de l’agitation et d’un mouvement populaire spontané. Je ne voyais là qu’un acte désespéré et j’en étais l’adversaire décidé. Cette déclaration l’éloigna tout à fait de moi et, peu de temps avant l’insurrection de Dresde, je le perdis entièrement de vue. Il se retira dans cette ville et y resta caché à cause de ses créanciers d’autrefois.

« Lorsque le gouvernement de Dresde se refusa à mettre en vigueur la constitution, les troubles commencèrent dans la ville ; la réaction, agissant contre la volonté du peuple, provoqua partout des désordres et fit verser le sang. Mais on espérait prendre, malgré cela, la revanche de mars. La cour s’enfuit à Kœnigstein. Un gouvernement provisoire se constitua à Dresde. Bakounine, sortant alors de sa retraite, offrit ses services. Il paraît que pendant un certain temps, il eut l’idée d’une action commune entre Prague et Dresde. Cependant, l’intervention des Prussiens ne laissa pas