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Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/95

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« imprimerie ambulante » pour imprimer des proclamations au moment de la révolution ; qu’ils auraient là leur dépôt d’armes, des fusées à la Congrève et d’autres « machines » pour la révolte, dont on approvisionnerait l’Italie…

« Après avoir terminé l’inspection, nous descendîmes dans le sous-sol, où le gardien de la maison nous servit un repas composé de pain, de fromage et de mauvais vin. À table, nous continuâmes la conversation sur le même sujet.

« Bakounine était tout absorbé par la création d’un dépôt d’armes et d’un refuge à passages secrets, par lesquels, au besoin, on pourrait s’évader. Cependant, il croyait à la possibilité d’une perquisition chez lui. Peut-être ne se fiait-il pas assez à la liberté en Suisse, ou méditait-il des choses que dans aucun pays on ne pourrait souffrir…

— « Vous autres, Russes, aurez besoin, peut-être, d’une imprimerie ambulante pour faire imprimer à l’étranger vos feuilles volantes. Eh bien ! vous penserez en installer une par ici ».

« Mais aussitôt, il changea de ton et ajouta rudement : « Ah, ces conspirateurs russes ! Ils vont commencer à bavarder et compromettront encore notre cause italienne… »

« Ce reproche m’était très désagréable et je pris en mains la défense des Russes, d’une manière dont je ne puis me rappeler. Mais, quelle fut mon émotion, lorsque, après avoir fini son exposé, Bakounine s’écria : « Eh quoi ! ces Russes !… De tout temps ils ont prouvé qu’ils n’étaient qu’un troupeau ! À présent, ils